La Nouvelle Gazette du 1er février 2007 

Par DR
La Meuse (édt. Huy) 22 août 2007

Par A.BT.
Forains : guerre des classes dans un monde à part

Par Vincent Dudant
*   *   *
*   *   *
*   *   *
Suite...
"Gens du voyage" : les forains (extraits)

Par Marie-Claire Blaimont

"On est de partout et de nulle part. Pour nous les lieux de naissance et d'habitation n'ont aucune signification. On ne vient pas d'un endroit, on est de chez nous, et chez nous, c'est partout. Notre maison c'est la roulotte et notre lieu d'habitation celui où nous nous arrêtons… Avec nous, c'est notre village qui se déplace, et on reste entre nous. Peu importe où nous sommes."

(...)

Sédentaire devenu forain

Cosimo, né sédentaire, a choisi de devenir forain. Petit à petit. Maintenant il vit en caravane, et s'il retourne à son ancienne maison, il installe sa caravane dans le jardin et y vit, parce que la maison, en travaux, est moins confortable. Il est fils de mineur, est né à Havré, près de Mons. Il a travaillé en usine, tout en tenant une friterie. A la fête, à Havré, il a noué une amitié avec un forain, Guy Boden. C'est Boden qui lui a donné le goût de la foire, lui a parlé d'un tir à pipe à vendre. Il a fait son écolage une année durant avec son ami, a acheté le tir à pipe, qu'il a tenu en même temps que la friterie, tout en habitant encore en maison. Il abandonne la friterie, garde le tir à pipe et y adjoint un carrousel, en réfléchissant à son avenir. Il a voulu une seule attraction. Il a repris un scooter. Il a commencé à vivre en caravane.

Oui, il a été accepté. "Mais je n'ai pas fait le fanfaron, j'ai suivi le système, j'ai été vite intégré, à part quelques coups de gueule… Il y a bien sûr des différences, je n'ai pas toute ma famille sur les foires comme eux. Maintenant je suis invité lorsqu'ils se réunissent. Sur la foire, les caravanes se regroupent par affinités, j'en fais partie, ce sont les repas ensemble, chez l'un ou chez l'autre…"

Par quoi a-t-il été surpris en arrivant dans ce monde ? "Par leur grande solidarité et en même temps la concurrence qu'ils se font. Ici, pour un décès, on fait collecte, pour une naissance aussi. Il peut arriver n'importe quoi, vous pouvez compter sur les autres. Il y a beaucoup plus de solidarité, de vie commune que chez les sédentaires."

Mais il lui semble que le parlé forain se perd, et que beaucoup de forains commencent à vivre en maison. Il ne suivra pas toutes les traditions. Sa petite fille n'ira pas en pension. Elle ira à l'école à Havré, où vivent ses parents et ceux de sa compagne. Quand la foire est proche il fera la navette, sinon les grands-parents la logeront...

(...)